Bien que l’égalité salariale soit inscrite dans la loi depuis plus de 50 ans, le salaire mensuel net moyen d’une femme du secteur privé en France est encore inférieur en moyenne de 16.8% par rapport à celui d’un homme *(source : INSEE) !
Les facteurs qui expliquent cet écart sont multiples.
Citons par exemple que les secteurs d’activité les plus féminisés tels que l’éducation ou la santé sont moins rémunérateurs que les secteurs surreprésentés par les hommes tels que la finance ou l’informatique. De plus, le plafond de verre fait que les femmes accèdent plus difficilement aux postes de direction qui sont par essence les mieux rémunérés.
Des facteurs sociologiques expliquent également ces écarts. Dès l’enfance nous ne recevons pas la même éducation financière que les hommes. Saviez-vous par exemple, que nous avons tendance à donner 12.5% de plus d’argent de poche aux garçons ?
Mais cet écart salarial n’est pas une fatalité et nous avons le devoir de nous battre chacune à notre niveau pour le faire reculer.
Après tout, nous avons travaillé et nous continuons à travailler dur tout en assurant les charges familiales. Nous méritons un salaire identique à celui de nos homologues masculins.
Notre salaire n’est pas un salaire d’appoint et nous avons une famille à entretenir !
Vous ne savez pas comment faire ? Vous trouverez ci-dessous 7 conseils pour bien (re)négocier votre salaire avec votre employeur.
1. Prenez conscience de votre valeur
En tant que femme, nous avons malheureusement tendance à nous sous évaluer. Avez-vous négocié votre salaire à l’embauche ou bien est-ce le recruteur qui a déterminé votre niveau de rémunération ?
Selon le dernier Baromètre de l’égalité professionnelle Audencia-KPMG, réalisé par OpinionWay, les femmes négocient moins leur salaire que les hommes, même si elles considèrent à 87 % cet exercice comme “essentiel” dans le cadre de leur évolution de carrière. “Dès le premier emploi, seuls 38 % des salariés ont essayé de négocier leur salaire. C’est à ce moment clé de la première embauche que l’écart femmes-hommes est le plus important : seulement 34 % des femmes osent négocier leur premier salaire, contre 41 % des hommes”, indique l’étude.
Avec un salaire moins élevé dès l’embauche, l’écart se creuse ensuite année après année.
Il faut réaliser que nous ne sommes pas payées pour que ce que nous valons mais pour ce que le recruteur ou notre employeur pense que nous valons. Il faut définir ce que nous valons et communiquer clairement pour gagner un salaire à la hauteur de nos compétences.
Même les femmes entrepreneures qui fixent pourtant elles-mêmes leurs prix ont tendance à se sous évaluer et à brader leurs services et produits.
Le salaire est pourtant notre première source de revenus. Avoir un excellent salaire permet de se construire un patrimoine beaucoup plus rapidement.
2. Etudiez votre rémunération actuelle
Ne confondez pas salaire et rémunération. Le salaire est ce que vous touchez tous les mois alors que la rémunération comprend une somme de montants ou d’avantages (primes, participation, intéressement et divers avantages en nature tels qu’une voiture de fonction ou un portable).
Les recruteurs parlent en général en rémunération brute annuelle. Si vous vous exprimez en rémunération nette annuelle, la déconvenue sera forte lorsque vous recevrez votre premier salaire !
Négocier un salaire c’est ce lancer dans une négociation commerciale. Comme toute négociation, il est impératif de se préparer.
La première étape est de connaitre parfaitement votre rémunération.
Prenez vos fiches de paie de l’année écoulée et votre contrat de travail et listez tous les éléments de votre rémunération actuelle :
- Salaire brut annuel
- Part variable
- Primes diverses
- Participation
- Intéressement
- 13ème mois
- Stock option
- Mutuelle
- Avantages divers (CE, Tickets resto, frais de transport) etc.
Vous connaissez maintenant parfaitement votre package annuel et vous pourrez le donner au recruteur et expliquer sa décomposition si on vous le demande.
Vous gagnerez également en crédibilité car votre interlocuteur verra que vous savez de quoi vous parlez.
3. Effectuez des recherches
Maintenant que vous connaissez parfaitement votre rémunération, il est de temps de regarder de plus près les pratiques en termes de rémunération pour votre poste dans votre secteur et zone géographique. Un salaire en région n’est malheureusement pas à la hauteur de ce que l’on peut obtenir à Paris ! (c’est du vécu…)
Un bon moyen de connaitre les rémunérations proposées est de regarder tout simplement les offres d’emploi similaires à votre poste ou le poste que vous convoitez dans votre zone géographique. La plupart des annonces mentionnent une fourchette. Cela permet de se faire une idée de ce qu’il est possible d’obtenir.
Vous pouvez également consulter, si ces dernières concernent votre secteur d’activité, les études de rémunérationque certains cabinets de recrutement publient annuellement (tels que Hays, Michael Page, Robert Half ou Walters People).
Les simulateurs de salaires de L’APEC et de LinkedIn permettent également de mieux cerner si notre salaire est à la hauteur de ce que nous valons sur le marché.
Si vous souhaitez négocier votre salaire actuel avec votre employeur, n’oubliez pas d’effectuer des recherches en interne sur la politique salariale en vigueur (enveloppe allouée, niveau des augmentations collectives, individuelles…).
N’hésitez pas à aborder le sujet de la rémunération avec vos collègues. Vous verrez assez vite si votre collègue est disposé à se pencher sur le sujet avec vous et s’il est satisfait de son niveau de rémunération.
Les représentants du personnel peuvent également vous fournir de précieuses informations.
Même s’il s’agit d’un sujet tabou, essayez d’obtenir le plus d’informations possibles que ce soit de la part des hommes ou des femmes !
4. Listez de vos compétences, talents et accomplissements
Que ce soit avec votre employeur ou un recruteur, il est important que vous puissiez justifier le niveau de rémunération que vous demandez. Cela sera votre argumentaire.
Quelles ont été vos succès professionnels ? Vos plus belles réalisations ou contrats signés ? Ne soyez pas modeste. Vous devez être en mesure de les présenter et de les « vendre » en quelque sorte.
Demandez-vous quelles sont vos compétences techniques ? Vos compétences humaines et comportementales, appelées également « soft skills » ?
Qu’allez-vous apporter de plus qu’un autre candidat à votre futur employeur ? N’ayez pas peur de vous mettre en avant.
Toutes ces informations vous permettront de maintenir votre CV à jour et vous aideront à valoriser votre expérience lors de vos entretiens.
Astuce : Conservez toujours les mails de vos clients satisfaits qui vous ont envoyé des remerciements ou fait divers compliments. Cela booste la confiance et vous permettra de démontrer avec des faits la satisfaction que vous apportez.
5. Fixez-vous un objectif
Vous avez désormais tous les éléments en main pour débuter votre négociation !
Déterminez maintenant le seuil de la rémunération minimum que vous désirez et demandez un montant précis légèrement plus élevé.
Un montant précis démontera que vous savez de quoi vous parlez et que vous êtes déterminée à obtenir ce montant.
Vous disposerez ainsi d’une petite marge de manœuvre si votre employeur vous propose moins que ce que vous désirez. Il aura l’impression que vous faites également un effort pour que vous trouviez un terrain d’entente.
6. Osez demander !
Nous avons tendance à avoir le syndrome de la bonne élève. Nous pensons qu’en étant compétente et en donnant satisfaction à notre hiérarchie, nous serons récompensées par une augmentation salaire. Malheureusement l’entreprise ne fonctionne pas de la sorte. Il n’y a bien souvent que ceux qui osent demander qui sont augmentés.
On peut se demander d’ailleurs pourquoi nous avons tant peur de demander. Le pire que nous puissions obtenir c’est une fin de non-recevoir. Ce qui n’est pas si grave en soit.
Les augmentations de salaires sont en général annoncées pendant les entretiens annuels. Il est recommandé de ne pas attendre l’entretien d’évaluation annuel pour faire part de votre désir d’augmentation. En effet, les enveloppes d’augmentation sont allouées plusieurs mois avant. En annonçant clairement la couleur plusieurs 3 ou 4 mois avant votre entretien, votre manager saura qu’il faudra prévoir une augmentation pour vous s’il veut vous garder dans son équipe.
Les augmentations de salaire sont discutées en fin d’entretien. Portez une montre ou prenez votre portable afin de ne pas vous faire piéger par un entretien qui traine en longueur. Rien de plus frustrant que de n’avoir pas le temps de discuter de ce sujet en prenant le temps nécessaire.
Le bon moment : le jeudi ou le vendredi !
Des études démontrent qu’en fin de semaine vous avez plus de chances que votre demande d’augmentation soit accordée. C’est un argument étonnant mais comme je souhaite mettre toutes les chances de mon côté, je vous avoue que je planifierai mes négociations et entretiens le jeudi ou le vendredi !
Selon Psychology today, on est plus rigide en début de semaine mais à partir du jeudi on commence à lâcher du lest et à être plus flexible et accommodant.
7. Que faire en cas d’objections ?
Votre boss n’est pas réceptif à votre demande ? Ne lâchez rien : revenez à la charge et chercher des alternatives !
N’hésitez pas à poursuivre le dialogue : quelles sont les raisons de ce refus ? A quel moment pouvez-vous en rediscuter avec lui ou elle ?
S’il ne veut pas augmenter votre salaire, peut être vous est-il possible d’obtenir des avantages avec lesquels vous gagneriez en qualité de vie (télétravail, véhicule de fonction) ou tentez d’obtenir une prime (c’est moins bien qu’une augmentation mais ce sera toujours ça de pris).
Si aucune négociation n’est possible sur ce poste, positionnez vous sur un poste plus élevé dans la hiérarchie. Après tout, la meilleure façon d’être augmenté c’est bien souvent d’accéder à un meilleur poste.
Votre boss ne veut toujours entendre ? Remettez-vous sur le marché de l’emploi ! Le changement fait peur, c’est vrai. Mais dites-vous que c’est uniquement en sortant de votre zone de confort que vous progresserez. Lancez-vous et soyez payée à votre juste valeur !
J’espère que vous avez trouvé de la valeur dans cet article. J’aimerais vous demander ce que vous en avez pensé. Allez-vous appliquer ces conseils? Certains vous ont il plus parlé que d’autres? Avez-vous des histoires à partager sur des échecs ou des grandes réussites en terme de négociations salariales?
